« Le portrait du mois » : on sait que vous aimez beaucoup cette rubrique, ancrée dans le réel et forte de vraies tranches de vie. Pour le mois d’octobre, nous vous présentons Sandro Di Iacovo (déjà le nom fait rêver), expert IT dans les infrastructures travaillant actuellement chez LuxDev. Dans cet interview, vous verrez que parfois Sandro n’y va pas avec le dos de la cuillère. Et chez Moovijob.com, on aime ça. N’hésitez pas à nous dire ce que vous en pensez.
Bonjour Sandro, ça va bien ? Quel est votre parcours ?
Ça va bien merci. J'ai fait mes débuts à l'École européenne de Luxembourg. Après mon Bac en 1997 au Luxembourg, j'ai continué en Italie à l'Université de Pise (Master en sciences et technologies informatiques) avec une année d'Erasmus en Espagne. De retour à Luxembourg en 2003, je n'ai jamais arrêté de me former dans les domaines de l’IT. Principalement les réseaux, l'unified communication, la sécurité, les datacenters, la gestion de projets et maintenant le Cloud.
Dans quelle entreprise travaillez-vous ?
Je travaille dans le centre gare de Luxembourg, pas très loin des bureaux de Moovijob.com. 😊 Je travaille actuellement chez LuxDev qui est l'Agence Nationale pour la Coopération et le Développement, rattachée au Ministère des Affaires Etrangères et Européennes.
Quel métier exercez-vous et depuis combien de temps ?
J'ai un profil assez technique. J'ai toujours travaillé dans les domaines des réseaux informatiques, la sécurité et les datacenters en tant que prestataire de services.
J'ai eu la chance de travailler sur des infrastructures de toutes les tailles et ceci depuis plus de 15 ans, de la petite PME aux grands acteurs de la place financière luxembourgeoise ainsi que dans le secteur public.
Depuis un peu plus d'un an, mon rôle est de créer et de mettre en place une nouvelle architecture informatique servant de support au futur Système d'Information pour l'agence et ses antennes se situant dans différents pays en voie de développement (principalement l’Afrique et l’Asie). Tant sur le plan technique qu'organisationnel, il y a généralement une phase initiale d'audit, une phase de consolidation de l'existant, un accompagnement vers la standardisation des outils et des processus.
Quelles sont vos principales missions et enjeux ?
Actuellement ma mission principale est de faire le design de l'architecture et de m'assurer que cette dernière prend en compte des limitations techniques auxquelles les pays en voie de développement doivent faire face. Les problématiques auxquelles j'étais habitué doivent être souvent recadrées dans des contextes très différents des standards européens. Par exemple, la disponibilité du courant électrique et une connexion Internet stable sont, dans beaucoup de cas, à eux seuls des défis au quotidien.
En plus de la technique il y a aussi de l’accompagnement au changement.
Les technologies basées sur le Cloud, les méthodologies Agile et les framework tel que l'ITIL ont mis parfois plus de 10 ans à arriver dans les sociétés Luxembourgeoises. Un de mes challenges est de combler les gaps et de les déployer en moins de deux ans.
Quelles sont les qualités principales à avoir ? Les skills relationnelles (en plus des skills techniques) sont-elles indispensables ?
Pour les skills techniques, un bon architecte infrastructure IT doit idéalement avoir eu la chance de travailler dans des infrastructures d'une certaine envergure et avec des ingénieurs spécialisés dans leur domaine, capables d'expliquer et argumenter leur choix d'implémentation. Il y a souvent plusieurs solutions techniques. Parfois on en choisit une pour son coût, sa pérennité, sa facilité… et pourquoi pas, pour son élégance !
Qui n'en a pas marre de batailler avec le énième mot de passe ou PIN code oublié ? Qui repousse sans cesse le backup de son smartphone ou la mise à jour de son ordinateur ?
Les mêmes qui viennent pleurer à l'IT quand des mois de travail ont mystérieusement disparu ou que les photos de vacances ont été effacées par erreur. 😊
Il faut donc à mon avis revenir sur le rôle originel d'un service informatique et de ses outils qui est celui de support au business et aux utilisateurs. Pour ce faire, il faut savoir communiquer avec les utilisateurs mais surtout au management. Cela dit, je dois admettre que, souvent, un IT n'est pas spécialement pédagogue avec ses collègues d'autres départements. Il faut donc effectivement avoir des skills relationnelles à différents niveaux en plus des skills techniques.
Vous êtes Italien, qu’est-ce qui vous a donné envie de venir au Grand-duché ? Comment s’est passé votre recrutement et votre intégration ?
Je suis Italien mais je suis né au Luxembourg. Ayant fait mes études à l'École européenne je dois admettre que mon intégration au Luxembourg n'atteint pas le 100%. Malheureusement je ne parle que très peu luxembourgeois. Pour ma défense, mes relations luxembourgeoises parlent aussi très bien italien et me rendent la tâche plus difficile ! Généralement, ayant fait toute ma carrière professionnelle ici, je ne trouve pas que cela ait été un point bloquant ou pénalisant pour moi avec mes collègues originaires d'autres pays.
Quel message souhaiteriez-vous adresser aux étrangers qui songent à s’installer et à travailler au Luxembourg ?
On parle souvent des salaires plus importants et une fiscalité avantageuse mais je constate qu’il y a une certaine déception parmi les plus jeunes. Le logement est un coût qui impacte considérablement leur budget, inévitablement au détriment d'autres dépenses. Ça pourrait en décourager plus d'un ou une qui préférerait se trouver dans une autre grande capitale. Une personne qui est déjà dans la vie active et souhaite s'installer avec sa famille donnera plus de poids aux services qui lui sont offerts… et il y en a plein. Luxembourg offre clairement de belles opportunités mais c'est loin d'être du "tout cuit".
Quel est votre ressenti face à la pénurie de talents en Informatique au Luxembourg ?
Je constate que souvent il y a un manque de curiosité de certains informaticiens qui sont mid-senior ou senior. Je trouve que certains ne veulent pas assez sortir de leur zone de confort et avec le temps "meurent" professionnellement. C’est dommage finalement d’avoir des informaticiens sur la place dont les compétences sont inexploitables car obsolètes.
Pour les jeunes qui se sont lancés dans leur carrière il y a probablement la volonté d’être "bankable". Toucher de façon superficielle les domaines ou les technologies à la mode résout le problème de la curiosité, et c'est louable, mais cela ne donne pas une vraie solidité professionnelle qu'un potentiel employeur recherche.
Il y a donc un gap qui dans un cas peut être comblé avec un monitoring des compétences et la formation continue et dans l'autre, d'accorder un peu plus de confiance aux "curieux" en veillant à ce que cet appétit soit canalisé et surtout rémunéré à sa juste valeur.
Ce portrait vous a plu ? Vous aussi, partagez votre expérience, votre parcours avec la communauté Moovijob.com ! Contactez-nous à l'adresse communication@moovijob.com.