Portrait du mois : Loris, Expert en Innovation Digitale à la Banque de Luxembourg

Florane Giolatavatar

Published on 01/12/2021, by Florane Giolat

« Le portrait du mois » : on sait que vous aimez beaucoup cette rubrique, ancrée dans le réel et forte de vraies tranches de vie. Pour conclure cette année 2021, c’est Loris Bergeron qui se prête au jeu du témoignage (pour notre plus grand bonheur).


Plongé depuis ses études dans l’univers de l’Informatique, et en particulier celui de l’innovation et du digital, il est actuellement Digital Expert pour la partie Innovation dans le service Digital Transformation de la Banque de Luxembourg. Découvrons ensemble l’envers du décor du travail dans les nouvelles technologies au Luxembourg. N’hésitez pas à nous dire ce que vous en pensez.

 

 

Bonjour Loris, pouvez-vous nous en dire un peu plus sur le parcours qui vous a amené à devenir un expert du Digital au Luxembourg ?

 

 « Bonjour Florane, bien sûr ! J’ai commencé par obtenir un Master II en Informatique à l’Université de Lorraine. Par la suite j’ai décidé de créer une double compétence en obtenant un second Master II à l’IAE de Metz, cette fois-ci spécialisé en Gestion et Administration des Entreprises. L’informatique en tant que telle, doit, d’après moi, disposer d’une dimension métier pour créer une valeur ajoutée, aussi bien envers la clientèle d’une organisation, que pour les collaborateurs de cette dernière. C’est ce constat, qui m’a motivé à approfondir et valoriser des connaissances informatiques par des connaissances de gestion et c’est pour cela que j’ai décidé d’entreprendre cette stratégie personnelle à l’époque. »

 

L’informatique ? Il est tombé dedans depuis un bon moment déjà. Pourtant, Loris a très rapidement compris l’importance de la pluridisciplinarité dans le monde du travail, et en particulier dans son domaine. S’il a tout d’abord considéré cette variété comme un « manque de cohérence professionnelle », il a aujourd’hui la certitude que celle-ci est un atout important pour plusieurs raisons. En effet, la diversité de ses expériences lui a permis d’obtenir une vision plus large du monde professionnel et d’apporter un regard nouveau sur son travail au quotidien.

 

Quelle est votre première expérience dans l’univers de l’innovation digitale ?

 

« Pour mon mémoire de fin d’études (Master II Informatique), j’ai eu l’opportunité de travailler au centre de Recherche & Développement d’un sidérurgiste mondialement connu. La mission consistait à développer une application informatique capable de prédire le risque de défaillance d’une installation industrielle. Cette application était alimentée par un ensemble de données réceptionnées par divers capteurs. Couplées à des algorithmes mathématiques, elles servaient à définir un niveau de risque de défaillance potentiel. Si ce niveau de risque était jugé trop important, l’installation était alors mise à l’arrêt quelques instants pour s’assurer que tout fonctionnait dans les meilleures conditions possibles. Réaliser un contrôle préventif de ce type permettait non seulement d’assurer la sécurité maximale des femmes et des hommes présents physiquement sur place, mais aussi d’éviter la mise à l’arrêt totale de la production et par conséquent de réaliser des économies substantielles. »

 

Après cette première expérience réussie, Loris souhaite se tourner vers le domaine financier, un intérêt de longue date pour le jeune homme. Il a alors décidé de mettre ses compétences informatiques au service de ce secteur en se lançant dans l’entreprenariat.

 

Une aventure entrepreneuriale

 

« J’ai alors co-fondé en 2015 une FinTech. Mon associé de l’époque était Dr. HDR en Sciences de Gestion et Mathématiques Financières. Cela était alors évident, l’association et la combinaison de nos compétences respectives prenaient tout son sens. Ma participation à cette aventure entrepreneuriale a duré pratiquement 4 ans. C’était très enrichissant à tous les niveaux, aussi bien techniques, qu’intellectuels et personnels. Certes, c’était un travail très exigeant mais dans un espace de temps réduit, vous obtenez au moins le double en termes d’expérience professionnelle effective.

 

Pour la petite histoire, nous étions en collaboration avec la société de gestion d’une des plus importantes banques de la place financière luxembourgeoise. Ensemble, nous avons co-créé un logiciel complexe capable de produire à la demande des rapports complets dédiés au risque de liquidité pour les fonds d’investissement. Nous avions, au travers de ce logiciel, développé un processus opérationnel capable d’accompagner et d’affiner l’analyse des gestionnaires de fonds. Le mécanisme reposait principalement sur des concepts informatiques innovants se nourrissant de données (boursières, comptables…) qualitatives et quantitatives soigneusement sélectionnées, analysées et interprétées. Les clients disposaient ainsi de rapports détaillés, personnalisés et obtenus à des fréquences variables de par la facilité de production induite. »

 

Après cela, et avant d’occuper son poste actuel, Loris a eu l’occasion de travailler sur plusieurs projets au sein d’un cabinet d’avocats spécialisé dans la protection de la propriété intellectuelle, ou encore pour le compte de l’Agence luxembourgeoise pour la coopération au développement. Fort de ces expériences enrichissantes, Loris a alors décidé de retourner à sa première passion : l’innovation dans le domaine bancaire. C’est ainsi qu’il a rejoint la Banque de Luxembourg.

 

Parlez-nous de votre job actuel

 

« Mon arrivée est récente au sein de la Banque de Luxembourg. Cela fait trois mois que j’occupe le poste de Digital Expert pour la partie Innovation dans le service Digital Transformation et plus particulièrement dans l’équipe « Client Experience & Innovation ». Malgré cette récente intégration, comme détaillé ci-dessus, j’ai déjà environ 8 ans d’expérience professionnelle dans le domaine de l’informatique et du digital ainsi que quelques bagages professionnels plus spécifiques dans le monde bancaire. »

 

Quelles sont vos principales missions et enjeux à ce poste ?

 

« S’il y a bien une chose qui nous tient à cœur à la Banque de Luxembourg, c’est le client. Il doit constamment rester au centre de nos préoccupations et c’est d’ailleurs l’essence même de l’existence de notre équipe. Au sein du service Digital Transformation, les responsabilités de l'équipe sont de gérer les produits existants ainsi que de rechercher, d'étudier et de développer de nouvelles idées de produits et de services. En tant que Digital Expert pour la partie Innovation, je récolte et développe des idées, des concepts et je pilote la mise en œuvre des transformations digitales soigneusement identifiées. Les principales responsabilités de notre équipe sont de participer à l'évolution de l'offre digitale de la Banque, suivre les tendances du marché, collecter les retours et anticiper les attentes des utilisateurs. Au-delà de ces points importants, nous prenons en charge le processus d'évaluation d'une solution afin de réunir les informations utiles et nécessaires à la prise de décision. Nous contribuons également à la mise en œuvre des projets et de la correcte implémentation de ceux-ci. »

 

Quelles sont les utilisations principales de l’innovation à la Banque de Luxembourg ?

 

« C’est très simple, nous cherchons à satisfaire nos clients en mettant à leur disposition la technologie au travers de produits et de services. Ces innovations peuvent avoir un spectre très large d’application. Nous avons, par exemple, récemment conçu un « Design System » complet permettant d’harmoniser nos interfaces graphiques, mais aussi d’uniformiser et d’accroître l’expérience utilisateur. Nous avons également mis en production la fonctionnalité d’agrégation de compte dans le cadre de la réglementation « PSD2 » au sein de notre application mobile. Cette fonctionnalité permet à l’utilisateur de consulter rapidement et simplement, au sein de la même application mobile, le solde des comptes courants dont il dispose au travers de plusieurs banques. Justement, en parlant d’application mobile, cette dernière évolue au gré des retours de nos utilisateurs ainsi que des nouveautés. Elle a fait l’objet il y a peu, d’une refonte globale afin de toujours mieux servir nos utilisateurs et de rendre son utilisation plus intuitive et plus agréable. Au-delà du service bancaire traditionnel, nous pouvons également matérialiser l’innovation comme un vecteur de protection pour l’environnement. Nous offrons par exemple, aux clients qui le souhaitent, une gestion électronique complète des documents ainsi que des outils de Banque à distance évolués. D’autres très belles innovations, conviviales et robustes, sont au programme afin de satisfaire nos clients quelles que soient leur génération et leur familiarité avec les outils digitaux. »

 

Quel est le niveau d’avancées du Luxembourg en termes d’innovation aujourd’hui ?

 

« Il y a un engouement évident pour l’Innovation au Luxembourg. D’ailleurs, le Grand-Duché se positionne de façon explicite comme un acteur majeur en Europe dans ce domaine. Ce positionnement dépasse d’ailleurs l’unique domaine financier. Vous avez par exemple les domaines de l’automobile, de la logistique, du spatial et de l’industrie qui sont également dans cette course à l’innovation. Justement, pour mesurer cette innovation, l’organisation mondiale de la propriété intellectuelle (WIPO, World Intellectual Property Organization) publie de façon annuelle un indice mondial de l’innovation, le Global Innovation Index (GII). Si vous regardez l’édition 2021 de cet indice, le Luxembourg est à nouveau présent dans le Top 25 et maintient ainsi sa place dans le groupe des leaders de l’innovation. Compte tenu des résultats concrets qui sont produits par l’innovation et à son niveau d’investissement, le Luxembourg dispose d’un écosystème d’innovation efficace. »

 

Selon vous, comment encourager les nouvelles générations à se diriger vers ce domaine ?

 

« Cette nouvelle génération est née dans l’ère du Digital. Elle est habituée, confrontée et exposée au Digital de façon plus au moins transparente au quotidien. Avec la pandémie de Covid-19, ce phénomène est amené à évoluer, à se répandre et à s’ancrer encore plus dans nos vies. Même si tous les membres de cette nouvelle génération n’auront pas vocation à être des experts du Digital, ils doivent à minima prendre conscience que le Digital, peu importe où quand et comment, impacte aujourd’hui et impactera encore plus leur façon de travailler à l’avenir. Il faut pour cela s’y intéresser, car une fois maîtrisé, c’est un levier de productivité extraordinaire. J’invite alors les personnes qui disposent d’un attrait pour le Digital à apporter leur pierre à l’édifice et ainsi faire progresser nos métiers, nos façons de procéder et nos interactions. »


Lorsqu’il est question de donner quelques conseils sur les compétences à acquérir pour exercer ce métier, Loris précise qu’un parcours universitaire (Master II ou école d’ingénieur) orienté dans le domaine de l’Informatique et/ou du Digital est vivement conseillé. Être créatif et passionné d’innovation est également requis pour s’épanouir totalement dans le job. De plus, une connaissance du domaine bancaire et une appétence pour les domaines de l'Intelligence Artificielle seront très utiles. Enfin, il est préférable de posséder de bonnes compétences organisationnelles pour être capable de gérer plusieurs projets, parfois très différents, en parallèle.

 

En tant qu’expert des domaines de l’innovation et de l’IA, pensez-vous que les machines remplaceront un jour les humains ?

 

« C’est un questionnement que j’entends souvent et que je comprends parfaitement. Mais pour vous répondre, c’est un non simple et ferme. Je suis un fervent défenseur d’une utilisation et d’une application responsable et éthique de l’Intelligence Artificielle. Je crois réellement au potentiel et aux capacités à court, moyen et long terme, de l’Intelligence Artificielle. Cependant, cela doit être, selon moi, considéré comme une technologie d’avenir ayant pour vocation à guider, assister et faciliter le quotidien des employés d’une organisation et les clients finaux de cette dernière au travers d’outils et de processus digitaux conçus spécifiquement pour eux. D’ailleurs, à la Banque de Luxembourg, cette notion se retrouve clairement dans notre conception du métier de banquier privé. Il nous tient réellement à cœur, aussi bien auprès de nos clients que de nos collaborateurs, de mettre en place une vraie relation humaine basée sur le principe de la confiance mais aussi et surtout inscrite dans la durée. Pour faire simple, je dirais que l’un ne va pas sans l’autre, l’Humain est utile à l’Intelligence Artificielle et inversement. »

 

Le mot pour la fin

 

« Je tiens à remercier vivement l’ensemble des personnes travaillant à la Banque de Luxembourg. Elles font partie intégrante des succès passés mais également de ceux en cours et de ceux à venir. De plus, je remercie sincèrement Moovijob.com de m’avoir offert cette opportunité de promouvoir les métiers du digital, en espérant peut-être, pouvoir participer à la création de vocations futures chez vos lecteurs ! Merci également à toi Florane pour le travail fourni et ton professionnalisme. »


Si ce témoignage vous a donné envie de travailler dans les secteurs du Digital et de l'Innovation au Luxembourg, consultez toutes les offres d'emploi disponibles sur Moovijob.com !


Comme Loris, vous souhaitez mettre en avant votre métier, votre parcours ? Alors contactez l'équipe Moovijob.com à l'adresse communication@moovijob.com.

Did you like it? Let people know!

Share on